Histoire du jazz

Le jazz désigne aujourd'hui un ensemble de genres musicaux d'origines afro-américaines. Ses caractéristiques essentielles sont la mise en valeur de rythmes spécifiques, la prépondérance de l'improvisation et le traitement particulier des sonorités instrumentales ou vocales, dérivé à l'origine de l'imitation des voix humaines.

    Les origines du jazz

Le jazz trouve ses origines dans un mélange culturel, résultat de l'intégration de traditions emmenées d'Afrique du seizième au dix-neuvième siècle par les esclaves, à des méthodes instrumentales harmoniques et mélodiques inventées en Europe. Ce métissage musical qui eu lieu aux États-Unis est à l'origine d'un grand nombre de styles musicaux apparus depuis le 19eme siècle et tout au long du 20eme siècle jusqu'à nos jours.

L'origine du terme jazz n'est pas définie avec certitude et il pourrait y en avoir plusieurs. Ce mot proviendrait, entre autres possibilités, de l'argot américain gism ou gasm synonyme d'énergie sexuelle. Dizzy Gillespie affirmait que jasi exprime l'idée d'un rythme de vie trépidant et sous pression dans une langue africaine. A ses débuts, le terme jazz définissant une musique jouée dans des lieux ou la prostitution était pratiquée, a été associé à quelque chose de sexuel, d'énergique et par analogie au mouvement et à la danse.

A la fin du 19e et au début du 20esiècle, au sud des États-Unis, les ancêtres du Jazz que sont les work songs chantés dans les plantations de coton par les esclaves, ainsi que le Blues, sont considérées comme rustiques, prolétaires et d'assez mauvais renom. Le ragtime dont Scott Joplin est le plus célèbre représentant, est joué au piano dans les maisons closes et les saloons. Le blues est chanté dans les plantations. Seul les negro spirituals et les gospel songs qui sont pratiqués à l'église, bénéficient d'un lieu de diffusion "respectable".

C'est la rencontre de ces différents styles musicaux se mélangeant eux-mêmes aux musiques de marches militaires entendues dans la rue lors de défilés qui fabrique au début du 20eme siècle le socle d'une musique bientôt nommée jazz.

Jazz instruments chateau
Groupe de jazz instrumental
    Le New Orleans

A la toute fin du 19eme siècle apparaissent des orchestres de rue dans le quartier de la Nouvelle Orléans nommé Storyville ou était concentré et autorisé la prostitution, l'alcool et le jeu. Ces "brass bands" ou fanfares de rue étaient exclusivement composés de musiciens noirs. Elles se produisaient lors de défilés, d'enterrements ou d'événements en extérieur comme des bals ou réunions publiques.

Les influences africaines des instrumentistes noirs de ces orchestres les incitaient à intégrer de nombreuses syncopes aux marches, quadrilles et autres danses d'origine françaises jouées à l'époque dans cette ville. Ces orchestres ambulants étaient composés d'instruments transportables : trompette, trombone, clarinette, banjo ou guitare, tuba en guise de contrebasse, washboard ou tambours en guise de percussions. Certaines de ces formations que l'on nommait "spasm bands" étaient formées d'enfants jouant des instruments bricolés à partir d'objets recyclés du type tuyaux de gaz, tonneaux, bouilloires ou encore boîtes à cigares.

Charles « Buddy » Bolden (1877 – 1931) est considéré comme étant à l’origine du premier groupe de jazz de l'histoire. C’est en 1895 qu’il fonde sont orchestre en mélangeant les styles de l’époque. A partir d'un répertoire de valses, mazurkas, ragtimes, blues rural, negro spirituals et musiques de défilés de rue, Bolden va rapidement créer un nouveau genre de musique en partie improvisé. A ce moment, dans les années 1900 - 1910, cette nouvelle musique ne porte pas encore officiellement le nom de jazz.

Le pianiste et chanteur Jelly Roll Morton fait lui aussi ses début de musicien à Storyville avant de partir pour d'autres destinations. Un autre très grand musicien issu de ce quartier, le trompettiste, chanteur, compositeur et chef d'orchestre Louis Armstrong va marquer l'histoire du jazz avec sa voix si particulière et par le fait qu'il contribue largement à l'éclosion du rythme propre au jazz : le swing.

En 1917 le gouvernement fait fermer le quartier de Storyville, ce qui à pour conséquence de faire émigrer les musiciens désormais au chômage vers Chicago. C'est entre autre avec l'argent des gangsters dépensé dans les cabarets de cette ville que le style "New orleans" s'épanouira véritablement et élargira sa notoriété.

Du blues surgit le boogie woogie et parallèlement les musiciens empruntent et transfigurent de plus en plus les thèmes de la chanson populaire de Broadway et d'ailleurs.

C'est à cette même époque qu'un certain George Gershwin (1898 - 1937) se fait connaître du grand public. Ce pianiste de formation, compose de nombreuses œuvres à la frontière entre la musique classique et le jazz, formant une synthèse géniale de ces genres musicaux. Cette démarche de "fusion" musicale à ce point aboutie est quasi unique dans l'histoire de la musique. Les mélodies originales de Gershwin intègreront rapidement le répertoire des musiciens de jazz pour devenir des standards de jazz. Parmi ses compositions qui marqueront le jazz et la musique classique, nous pouvons citer la Rhapsody in Blue, Un Américain à Paris, les variations sur « I Got Rhythm », Porgy and Bess (comprenant la célèbre mélodie "Summertime") et son Concerto pour piano et orchestre.

    Les années swing

Dans les années 1930, se développe la vogue du jazz nommé swing ou middle. Les orchestres de jazz comme ceux de Duke Ellington, de Count Basie ou de Glenn Miller s'étoffent, devienent à la mode à Hollywood, en Californie et débarquent en Europe.

Les solistes et leurs improvisations prennent de plus en plus d'importance au sein de ces grandes formations. C'est le cas du saxophoniste américain Lester Young qui fut engagé des années 1936 à 1940 dans l'orchestre de jazz de Count Basie. Cela offrit à cet artiste le meilleur tremplin qui soit pour pouvoir développer son art et sa carrière.

Ces formations jouent des compositions originales de leur chef d'orchestre et de certains de leurs musiciens, comme par exemple "Take the A train" de Billy Strayhorn à l'époque où il travaillait avec Duke Ellington. Ils interprètent de nombreux thèmes populaires de l'époque comme All of me, ainsi que ceux puisés dans les comédies musicales de l'époque dont les compositeurs sont entre autres Cole Porter, Richard Rodgers ou de Georges Gershwin.

Les chansons à succès du moment fournissent au jazz et aux chanteurs crooners comme Franck Sinatra, beaucoup de très belles mélodies comme Everything happens to me ou "Angel Eyes" du compositeur et chef d'orchestre Matt Dennis. Alec Wilder, un autre créateur de chansons populaires composera pour plusieurs comédies musicales, des opéras et des musiques de films des thèmes comme "I'll Be Around" ou Moon and sand (en 1941). C'est à peine quelques années plus tard en 1944, qu'un autre très célèbre crooner, Nat king Cole, commence sa carrière en interprétant Besame mucho. Ce thème deviendra rapidement un succès international et fut repris depuis par d'innombrables autres artistes musiciens de jazz.

    Le jazz manouche

A la même époque que le style swing prend son essor aux États-Unis, le jazz manouche apparaît en France avec Django Reinhardt et Stéphane Grappelli qui forment le Quintette du Hot Club de France.

Cette formation à été et reste l'un des plus célèbre groupe de jazz français de l'histoire du jazz. Classiquement, un groupe de jazz manouche est composé de plusieurs guitares et d’une contrebasse, auxquelles peut se rajouter, entre autres instruments, le violon. Ce style est le fruit d’un mélange de la musique gitane, ou tzigane, importée d'Europe de l'est, de la musique française populaire de l’entre deux guerres et des standards du jazz swing américain de l'époque dont par exemple le thème Have you met Miss Jones.

La virtuosité déployée par les musiciens des groupes jazz manouche est à l'évidence inspirée de la tradition de la musique folklorique tzigane elle même souvent extrêmement virtuose. Django Reinhardt et Stéphane Grappelli sont les premiers représentants virtuoses célèbres de l'histoire du jazz manouche, mais ils sont loin d'être les seuls.

Après quelques décennies pendant lesquelles ce genre musical connu un relatif oubli, il profite depuis les années 1990 d'un fort regain d'intérêt. Les célèbres représentants actuels de cette musique se nomment entre autres Stochelo Rosenberg, Biréli Lagrène, Angelo Debarre, Romane, Patrick Saussois, Christian Escoudé, et le petit fils de Django lui même, David Reinhardt. Ces musiciens se caractérisent par une grande maîtrise technique de leur instrument et des formules musicales typiques du jazz manouche. La pompe en est une : il s'agit de la répétition très régulièrement jouée à la guitare des accords d'accompagnement.

    Le bebop

En 1940, c'est la révolution du bebop et l'apparition d'un répertoire original qui transforme complètement et complète celui issu du blues et des standards. Le bebop sera créé en réaction à la musique, joué par les big bands, en partie voués à l'animation musicale et à la danse. Pour la première fois, apparaissent des enchaînements harmoniques complexes et des compositions musicales aux tempi d'enfer. De façon générale la tendance est aux groupes plus petits, type quartet, quintet ou sextet.

Le jeu be-bop est la première vraie révolution de cette musique afro-américaine qu'est le jazz. Les musiciens noirs affichent une nouvelle conception de leur art. Par cette démarche ils affirment fortement et avec grand talent leur identité musicale auprès d'un auditoire majoritairement blanc.

Le saxophoniste américain Charlie Parker (1920 - 1955) est un très grand virtuose, ainsi qu'un musicien qui à marqué l'histoire du jazz. Il a joué un rôle essentiel dans l'apparition du style "Be-bop" dans les années 1940. Un grand nombre de ses thèmes sont devenus des standards de jazz : Billie's bounce, "Donna Lee", Blues for Alice, "Moose the Mooche", "Confirmation", "Dewey Square", "Now’s the Time", "Scrapple from the Apple", "Dexterity", "Yardbird Suite", "Au Privave". Dans un style plus latin C. Parker a composé le célèbre My little suede shoes.

Les autres piliers de ce mouvement musical sont sans conteste les pianistes Thelonious Monk, Bud powell et le trompettiste Dizzy Gillespie à l'origine eux aussi de très nombreux thèmes devenus des standards du be-bop.

    Le cool jazz

Pendant les années 40 de nouvelles tendances musicales ne tardent pas à apparaître. Le cool (littéralement : frais) est en rupture avec l'exubérance du be-bop, sans agressivité sonore. Il intégre des arrangements musicaux élaborés comme ceux de Gil Evans, Gerry Mulligan, ou du pianiste John Lewis. Certains procédés, ou formes, venus de la musique classique sont utilisés comme dans le Blue Rondo à la Turk de Dave Brubeck (1920 - 2012) avec le saxophoniste Paul Desmond (1924 - 1977).

Pendant la décennie 1940 - 1950 de nombreux musiciens américains composent des chansons populaires, comme Alec Wilder avec Moon and sand. Ces mélodies sont souvent reprises par les musiciens de jazz de l'époque et deviennent progressivement des standards.

Le style harmonieux du cool jazz prend vraiment le contre-pied du be-bop en adoptant souvent des tempi plus modérés ainsi qu'en s'inspirant de la musique classique. Il se développe surtout sur la cote ouest des Etats-Unis, d'où son appellation jazz west coast. En Californie, les musiciens blancs ont une solide formation musicale universitaire classique. De ce fait le style west coast est souvent l'expression d'un subtil mélange d'inspiration de la musique dite "classique" et des rythmes, harmonies, et formes du jazz.

Une forme de fusion de ces deux styles musicaux est à l'origine de la démarche des musiciens et compositeurs de cette tendance musicale comme Gil Evans et Gerry Mulligan. Le saxophoniste Stan Gets est un des grands représentants de cette époque de l'histoire du jazz au même titre que le trompettiste et chanteur Chet Baker dans ses inoubliables interprétations de standards comme Everything happens to me ou encore "My funny Valentine".

C'est à la fin de cette décennie qu'Oscar Peterson, un des plus grands pianistes jazz de l'histoire, commence à être connu. Il marquera des générations entières de musiciens par son sens du swing ainsi qu'une virtuosité hors du commun.

    Le hard bop

Le hard bop qui apparaît début des années 50, se caractérise par l'intégration de thèmes bluesifiés aux structures harmoniques plus complexes du bebop. Dans l'histoire de la musique, le hard bop est en quelque sorte l'évolution naturelle du be-bop volontairement provocateur vers un style musical moins élitiste, plus consensuel et plus "grand public". L'instrumentation du jazz be-bop est généralement de type quintet avec trompette et saxophone. Des suites harmoniques sophistiquées mettent en valeur des mélodies souvent chantantes, ce qui aide à séduire un plus large public.

Les Jazz Messengers, orchestre qui connu un grand succès, fondé par le batteur Art Blakey et le pianiste et compositeur Horace Silver, est typique de cette époque. Le pianiste et compositeur Horace Silver (Song for my father) et le saxophoniste et compositeur Benny Golson (Hassan's dream, Blues March) sont deux éminents membres de ce groupe. Ils illustrent parfaitement la direction musicale du hard bop dans leurs nombreuses compositions.

    Le jazz funk

La musique jazz funk commence à apparaître aux États-Unis à la fin des années 50. Il marque une sorte de retour au jeu "sale" avec des rythmes aux motifs syncopés, marqués et insistants. Dans les années 60, il devient plus commercial, et on l'associe souvent à la notion de "soul" comme avec la musique de Ray Charles.

C'est à la fin des années 60 que le groupe de James Brown, "The JB's" dont un des tubes est "Sex machine", invente le rythme syncopé très groove typique du funk que l'on nommera funk beat. L'appui rythmique sur le premier temps de cette musique est une nouveauté dans le jazz. Ce nouveau style intègre un jeu de basse électrique slappé très caractéristique, qui prend une place très importante dans le morceau. Le "slapping" consiste à tirer fort sur la corde de la basse pour qu'elle produise un son "claqué" en rebondissant sur la touche (le manche de la basse).

Des artistes comme Herbie Hancock dans Cantaloupe Island, Stevie Wonder le compositeur de Isn't she lovely, Miles Davis, ou des groupes comme Kool and the Gang intègreront ce style rythmique et composeront nombre de tubes avec.

Le funk des années 60 et 70 est à l'évidence une des sources d'inspiration du disco des années 80, et influencera beaucoup d'artistes comme Earth Wind and Fire, The temptations, et d'une certaine manière Michael Jackson ou Prince.

    Le jazz afro-cubain

Le style afro-cubain issu du mélange du bebop et de la musique cubaine, est apparu dans les années 45 avec des artistes comme Machito, Dizzy Gillespie, Stan Kenton, Cab Calloway. Charlie Parker participa à ce nouveau style musical avec quelques unes de ses compostions dont My little suede shoes et Tico - Tico.

Le matériau thématique du jazz s'enrichi d'influences puisées dans les musiques d'Amérique latine comme le Mambo ou la Rumba. Des bongos et des congas sont ajoutés aux sections rythmiques, comme le fait Dizzy Gillespie dans ses différents orchestres jazz successifs.

Le percussionniste cubain Mongo Santamaria né à La Havane (1922 – 2003) fut un des précurseurs du genre. Le compositeur d'"Afro Blue" qui alla vivre à New York à partir de 1950, a joué avec les tout premiers Big Band de jazz afro-cubain. Parmi ces orchestres de salsa, nous pouvons citer ceux de Tito Puente, de Cal Tjader, de Perez Prado, et le Fania All Stars.

Dans les années suivantes d'autres influences latines arrivent progressivement aux Etats-Unis pour se mélanger à la musique jazz. Elles proviennent entre autre des caraïbes, ce qui fut le cas du le calypso.

    La bossa nova

La bossa nova, signifiant littéralement "nouvelle vague", est née au Brésil vers la fin des années 50. Selon Antônio Carlos Jobim, son principal inventeur avec João Gilberto, elle est issue de la rencontre de la samba brésilienne et du jazz. La samba avait pour sa part été inventée et pratiquée au Brésil par les esclaves noirs amenés dans ce pays par les portugais. Le premier album Bossa Nova de l'histoire est "Chega de Saudade" (1958), la musique étant de Jobim, l'interprétation de João Gilberto et les paroles de Vinícius de Moraes.

Les rythmes de La bossa nova et de la samba sont suffisamment proches pour indiquer leur évidente filiation. La bossa se joue avec une rythmique de type latin donc binaire et non swing, autrement dit ternaire. Sa caractéristique est d'être syncopée et répétitive, à l'image de celle de la samba mais avec un tempo est plus lent et une expression musicale beaucoup plus douce.

L'instrument harmonique de prédilection pour la section rythmique de la bossa est la guitare, qui dans certains cas assure seule l'accompagnement du chanteur ou de l'instrument soliste. En plus des percussions, le piano à lui aussi souvent sa place dans la composition instrumentale de l'orchestre bossa nova. Jobim tenait d'ailleur souvent la partie de piano sur les enregistrements de ses propres compositions.

Les harmonies et les structures de la bossa nova sont issues du jazz et plus précisément du cool jazz, une des principales tendances stylistiques des années 1950. Elles sont parfois même inspirées de la musique classique. Il y a par exemple une véritable parenté ainsi qu'une influence évidente du célèbre prélude n°4 pour piano de Chopin sur la mélodie et l'harmonie du standard How insensitive de Jobim.

Antônio Carlos Jobim raconte qu'Henri Salvador l'aurait inspiré lors d'un de ses concerts, pour inventer la bossa nova, un genre musical qui prendra une place importante dans l'histoire du jazz. Stan Getz, le saxophoniste au son de velour, enregistre en 1962 le célèbre "Desafinado" avec le trio de Charlie Byrd puis un album légendaire en compagnie de Jobim et du couple Gilberto dans lequel se trouve le magnifique standard Girl from Ipanema.

Cette musique apportera au jazz une pulsation rythmique nouvelle ainsi qu'un grand nombre de thèmes originaux comme Corcovado, Você abusou, Recado bossa nova, Black orpheus, Agua de beber, One note samba ou encore Doralice. Le style Bossa nova a été totalement intégré dans la musique que jouent les groupes de jazz et jazzmen actuels, depuis maintenant de nombreuses années.

    Latin jazz et Salsa

La Salsa, musique d'influence cubaine, est faite à l'origine pour danser. Elle trouve ses origines dans le "Son" Cubain qui est un genre musical lui même datant de la fin du 19eme siècle. A partir des années 50, l'émigration portoricaine vers les Etats Unis a été intensive. Elle a apportée avec elle les influences des musiques d'Amérique latine; Le boléro (Mexique), Le calypso (Antilles), le reggae (Jamaïque), la samba (Brésil), la musique mariachi (Mexique), la cumbia (Colombie), le joropo (Venezuela), le tango (Argentine), le merengue (République dominicaine).

De nombreux cubains émigrent aux États-Unis après la fin de la révolution cubaine. Les groupes de salsa apparaissent en grand nombre et s'installent sur l'axe New York - Miami - La Havane - San Juan. En Amérique du nord, ce mélange de styles se nomme généralement "latin jazz" ou "salsa" qui signifie « mélange » ou « sauce » en espagnol. Le mot "salsa" est un nom générique englobant une importante variété de rythmes et de styles.

Elle se structure autour de principes rythmiques très précis. Le piano fait tourner une figure répétitive de type ostinato: le "montuno" (prononcez "montouno"). Le principe d'accompagnement de la contrebasse s'appelle le tumbao. Le "clave" est le rythme répétitif propre à cette musique développé par les instruments à percussion. L'orchestre de salsa fonctionne en utilisant ces motifs rythmiques de deux mesures, répétés durant tout le morceau excepté certains "breaks" musicaux.

Sa section rythmique est constituée traditionnellement de la contrebasse ou basse, du piano, des congas, des bongos, des timbales et des claves. Sur cette base rythmique salsa l'improvisation du pianiste ou de l'instrumentiste à vent peut être effectuée dans la tonalité du morceau ou hors de cette tonalité. Lors d'une improvisation hors tonalité on dit alors dans le jargon jazzistique que l'on joue "out".

Porto Rico, qui est une possession des Etats Unis, a adapté la musique afro-cubaine à ses propres traditions musicales et a produit une salsa particulière.

Bebo Valdes, puis son fils Chucho Valdés avec son groupe Irakere sont deux pianistes qui se sont particulièrement illustrés dans ce style. Tito Puente, célèbre percussionniste et multi instrumentiste, enregistre depuis les années 1950 de nombreux albums de salsa avec différents orchestres.

    Le jazz modal

Le jazz modal apparaît à la toute fin des années 50. L'album "Kind of Blue" en est définitivement le représentant le plus célèbre, et sera par ailleurs le disque le plus vendu de l'histoire du jazz. Les morceaux de cet album sont tous devenus de très grands standards : So what, Freddie Freeloader, Blue in Green, All blues et Flamenco Sketches.

Les deux musiciens phares de cet enregistrement sont le trompettiste Miles Davis, à l'origine de ce projet, et le pianiste Bill Evans qui proposera des harmonies novatrices pour l'époque.

Dans les années 60, John Coltrane et McCoy Tyner enregistrent une des interprétations de référence du jazz modal, "My Favorite Things" dans l'album du même nom. En 1964 le pianiste Herbie Hancock compose et joue Cantaloupe Island, un autre tube du style modal, présent dans son album "Empyrean Isles".

Le jazz modal est structuré autour d'un minimum d'accords et exige un maximum de liberté mélodique, d'enrichissements harmoniques et rythmiques de la part des musiciens improvisateurs. Sont utilisés le ou les modes correspondants aux quelques accords constituants le morceau musical, d'où l'appellation de "jazz modal". Pour la plupart ce sont des modes anciens ou "grecs". Le plus courant est sans conteste le mode dorien mais d'autres dont le phrygien, le lydien et le mixolydien peuvent être régulièrement employés aussi.

C'est à l'époque du jazz modal que le jeu dit "out", c'est à dire hors de la tonalité correspondante à l'accord d'accompagnement, voit véritablement le jour. En effet lorsque les changements harmoniques sont peu nombreux comme dans le style modal, il est très enrichissant pour son improvisation d'utiliser des variations mélodiques qui vont jusqu'à sortir de la tonalité.

    Le free jazz

Le free jazz qui se développe à la fin des années 50 et dans les années 60, se caractérise par la disparition du swing "classique", par un renoncement au thème, à la trame harmonique et à la tonalité. Les musiciens de free jazz n'utilisent plus la technique instrumentale académique pour incorporer volontairement dans leur jeu des bruits parasites et des sons nouveaux.

Les principes harmoniques et mélodiques n'étant plus d'actualité, le discours musical est en totale rupture avec ce qui à été composé et joué jusqu'à lors. Le free jazz est une sorte de parenthèse dans l'histoire de la musique, car le concept de la négation de l'harmonie et des structures musicales passées ne fera pas école très longtemps et ne touchera qu'un public relativement restreint.
En repoussant les limites de la musique, cette expérience artistique apportera au monde du jazz un élan nouveau, le libérant un peu plus des anciennes logiques musicales.

Ce bouleversement renouvelle tous les anciens schémas musicaux ayant cours jusque dans les années 1960. Le free jazz fut aussi l'occasion pour les musiciens noirs américains d'exprimer fortement des revendications sociales et humaines dans une amérique parfois intolérante envers les minorités ethniques.

Parmi les musiciens à s'être illustrés dans le free jazz, citons John Coltrane qui se tournera de plus en plus vers ce style dans les dernières années de sa vie ou encore, les pianistes Cecil Taylor et Sun Ra, le contrebassiste et compositeur Charles Mingus, les saxophonistes Ornette Coleman, Eric Dolphy, Archie Shepp, Albert Ayler et Joe Maneri.

    Le jazz fusion

L'un des premiers groupes de jazz fusion, Weather Report, a été formé en 1971 par le pianiste Joe Zawinul et le saxophoniste Wayne Shorter. Il sera l'un des plus influents. Leur composition la plus célèbre reste Birdland. Les instruments sont amplifiés électriquement, les arrangements sont parfois complexes, et la rythmique de cette musique est le plus souvent binaire.

Dans les années 70 les musiciens Herbie Hancock, John McLaughlin, Tony Williams, les groupes Return to Forever avec Chick Corea, Weather Report, "The Crusaders", "Pat Metheny Group", en France "Sixun" et "Magma", participent de façon très créative à ce style musical.

Les années 80 verront apparaître de nouvelles tendances, plus grand public, comme le smooth jazz. De nombreux artistes participerons à donner ses lettres de noblesses à ce style. Parmi eux, nous pouvons citer le chanteur Al Jarreau, le saxophoniste Grover Washington et son tube "Just the two of us", Sade, George Benson, Norah Jones la chanteuse de Don't know why, Michael Bublé, Bob James au clavier dans le groupe "Fourplay".


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